Écriture.
"Écrivez ! Noircir le papier est idéal pour s'éclaircir l'esprit." - Aldous Huxley
Le grésillement constant de la vieille radio ébranlait les nerfs de chacun. Le son était à peine audible. Un grand gaillard en chemise blanche, monopolisait la parole : « Plus d’électricité, plus de connexion, et dire qu’on était prévenus ! Décembre Noir, nous y sommes, disait-il d’un ton biblique. Méfiez-vous du jour où les empires s’effondreront. Le Bien et le Mal, dans un ultime combat s’opposeront. Les incrédules hypocrites dans leurs vices périront. Mettez-vous alors au service de l’Homme Gris. Vous serez en paix et vos âmes seront guéries. »
Le nouveau dogme était sur toutes les bouches : « Personne ne peut acheter ou vendre, sinon celui qui s’est soumis à l’Homme Gris et qui a porté la chemise blanche »
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Dimanche 10 juin 2040. Dix-huit heures quarante-cinq. Les derniers bureaux de vote n’avaient pas encore fermé, mais les partisans de la droite comme de la gauche commençaient déjà à se rassembler place de l’Étoile pour les uns, place Sassine pour les autres. L’identité du nouveau président de la République n’allait pas être dévoilée avant vingt heures. Les derniers sondages, parus la semaine dernière, avaient annoncé un scrutin très serré.
« Nicolas était sorti se promener ce soir-là dans Paris, bravant les règles de l'internat. Il savait pourtant très bien qu'il ne devait jamais franchir les portes de cet immense bâtiment gris et qu'il devrait certainement payer très cher la douce caresse de ce vent de mars 2174.
Ce n'était pas dans le but de désobéir que le jeune blondinet de 17 ans s'était évadé du dortoir. Nicolas n'est pas un adolescent rebelle qui aime défier l'autorité pour attirer l'attention et gagner en popularité. Au contraire, il est d'un naturel calme et discret et ne cherche généralement pas les problèmes. Mais cette fois-ci, il avait estimé que cette promenade clandestine en valait la peine. Cela faisait plusieurs mois que lui et ses camarades n'étaient pas sortis de l'internat. Il avait besoin de cette bouffée d'oxygène et de ce court moment de liberté. Pendant quelques heures, tous les rêves lui étaient permis. En flânant dans les rues de la ville qui était devenue la capitale des États-Unis d'Europe, Nicolas pouvait s'inventer une autre vie. »
Extrait du chapitre I
« Il avait plu. Les terres du bois dans lequel les néo-martiens avaient atterri étaient humides et boueuses. Un silence de mort régnait sur la planète, mais l’air était imprégné d’un pétrichor qui rappelait étrangement la planète Terre. En descendant du complexe, ils avaient tous les yeux rivés sur Phobos et Déimos, les deux satellites de Mars, qui disparaissaient progressivement avec les premières lueurs du jour. Au loin, on pouvait voir le soleil se lever petit à petit. »
Extrait du chapitre IV
Des pleurs et des cris lointains brisaient le silence assourdissant qui régnait sur le village. Les bombardements de la veille, qui avaient ravagé les lieux, ont sûrement coûté des vies. Parmi les ruines, un enfant aux pieds nus et au visage sale chantonnait mélancoliquement la chanson du bonheur.
Aujourd'hui, ma fille est née. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de la ville : « Femme accouchée avec succès. Fille. Félicitations. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier.
© Jules Hamdan 2025